mercredi 27 avril 2011

Un dialogue sur Dieu. Chapitre quatre.




Dieu : le grand kidnapping !

- Y'en a marre de la religion. C'est ça qui fait tellement de mal, des fous fanatiques partout, on est cerné.


- Oui, sauf que le problème n'est pas là. Au XXe siècle, on a vu que les trois plus grandes dictatures, les trois plus grands massacres minutieusement orchestrés étaient le fruit de fous athées : Mao, Staline et Hitler. Quand des religieux font un massacre, vous critiquez la religion, pourquoi quand des athées font de même vous ne critiquez pas l'athéisme ?
Ce n'est pas la religion qui fait du mal, ce sont les hommes, pour leurs intérêts propres. Certains hommes, à certains moments, dans certains lieux. Qu'ils soient athées ou religieux. Regarde Martin Luther King, Mère Teresa, Henry Dunant, William Booth, et j'en passe des listes, c'étaient des religieux, des croyants. Quels maux ont-ils fait ? Aucun. Bien au contraire, ils ont donné leur vie pour les autres. Il serait temps d'être honnête et de sortir d'une vision simpliste et réductrice, ça serait bon pour tout le monde.
Dieu et la religion sont deux réalités différentes. Dieu est une personne, le créateur de l'univers. La religion, elle, est une codification de la pensée et du comportement. Rien à voir. C'est un peu comme si on confondait Rembrandt et une méthode intitulée «Le dessin facile en 10 leçons», achetée en grande surface. Dieu a été kidnappé par la religion, rendons-lui sa liberté !
Dieu ne veut pas que nous ayons une religion, il veut que nous ayons une relation.

- Ok, c'est plus intéressant. Mais il est comment Dieu ? L'image d'un barbu sur son nuage c'est un peu raide à avaler.

- Evidemment. Tout autant que l'image d'un père fouettard castrateur et pas content. Il faut bien prendre conscience que l'image qu'on se fait de Dieu n'est pas Dieu. On apprend ça en psycho : l'image qu'on a du monde n'est pas le monde. C'est simple et aussi valable pour Dieu. Notre image de la réalité peut être loin de ce qu'est la réalité, complètement à côté de la plaque parfois. Les images qui se forment en nous dépendent de nos sources d'informations, de ce qui nous parvient et de nos émotions, nos sentiments, nos expériences, etc. Mais, plus on étudie un sujet, plus on apprend à le connaître, plus on en a une image juste et précise.
Avant de croire ou de ne pas croire en quelqu'un, il faut savoir qui il est. La Bible dit : «Si vous avez goûté combien Dieu est bon...» Les athées me font penser à des gens qui refusent un gâteau succulent et en disent le plus grand mal sans l'avoir jamais goûté.

- Mais si la religion nous a donné une image complètement fausse de Dieu, alors qui est-il ?

- Ça, c'est la grande aventure, la plus belle découverte à faire. Bien sûr, on ne peut pas avoir une connaissance totale, absolue de Dieu. Dieu est esprit. Il dépasse tout ce qu'on peut imaginer et concevoir. Il ne rentre pas dans notre cerveau. La Bible dit que nous connaissons en partie mais que nous sommes destinés à le connaître comme il nous connaît, totalement. La bonne nouvelle de l'évangile, c'est que c'est possible. Ce n'est pas une question de religion.
Regarde l'univers, la terre... Dieu a créé les étoiles, pas les soutanes, les dauphins, pas les cierges. Il a créé le plaisir, la beauté, la grandeur... Cela nous prouve que Dieu n'est pas religieux. C'est ce qui provient de l'homme qui est religieux, pas ce qui vient de Dieu. Dieu, personne ne l'a vu, nous dit la Bible mais Jésus est venu le faire connaître.

Silence.

- Mais moi, je veux rester libre.

- Bien sûr, moi aussi. Voilà bien encore une fausse idée de Dieu. Un Dieu qui étouffe, qui restreint, qui étroitise, qui punit. Là encore, regarde la vie végétale et animale autour de nous : ça foisonne, ça grouille, ça pousse, ça vibre et ça vit de partout. Quelle image de Dieu cela donne ? La liberté. Comment un Dieu qui a créé un univers si vaste, si riche, si varié, pourrait-il vouloir nous enfermer dans une vie pauvre et étroite ? Cela ne lui ressemble pas. C'est la société moderne qui nous enferme dans une vie étroite et pauvre. Pauvre en relation, pauvre en amour, pauvre en sens. Moi, je crois que c'est Jésus qui nous rend la liberté. Il a dit : «Je suis venu libérer les captifs.» Mais, c'est quoi la liberté ? J'aime bien penser qu'être libre, c'est choisir le jour de sa naissance.

- Ou de sa mort.

- Ça, ce serait plutôt choisir le jour de son suicide, c'est différent. Choisir le jour de ta mort sans te la donner, ça c'est autre chose. À quoi tient notre chère liberté ? On ne choisit pas d'exister, ni d'être un homme ou une femme, ni dans quel siècle on arrive, ni de naître riche en Californie ou pauvre en Ethiopie, ni quelle éducation on reçoit avant d'être autonome, ni des coups qu'on prend, ni des caresses, ni des valeurs de la société qui nous entoure et nous influence du début à la fin de notre vie... Je m'arrête là, mais la liste est longue, très longue. Il serait bon, d'ailleurs, de l'explorer jusqu'au bout, vraiment au bout. Honnêtement.

- Mouaip, ça fout le vertige. Je ne sais pas si il en resterait grand chose. Peut-être la capacité de faire un choix.

- Un choix sous l'influence de contextes qu'on n’a pas choisis et qu'on ne maîtrise pas. Ça fait maigre.
Le seul qui soit vraiment libre, c'est Dieu, parce qu'Il n'est soumis à aucune contrainte, ne subissant l'influence d'aucun contexte, au contraire, les créant selon sa volonté absolue. C'est pourquoi, le connaître intimement, s'unir à lui, c'est le seul moyen de devenir vraiment et totalement libre.

- Intéressant...

- Ce n'est pas la preuve de l'existence de Dieu dont nous avons besoin, c'est de le laisser se révéler à nous. Dieu ne se prouve pas, il se rencontre… et ça, c'est beaucoup mieux.


10 commentaires:

  1. Merci Didier, c'est vraiment un dialogue enrichissant. De l'humilité et de l'intelligence dans les réponses et les questions, c’est ce qui fait la force de ce texte, je trouve.

    En lisant pas mal de commentaires dans des sites qui tentent de prouver l'existence de Dieu par la raison, on retrouve pas mal de ces questions.
    Mais il faut dire que certaines réponses athées sont très bien affutées, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient forcément fausses.
    Si tu me permets de donner mon avis sur certaines questions, ce ne sont pas des critiques, juste des questions que je me pose :

    « […] mais l'injustice, au contraire, démontre l'existence de Dieu. »
    Si je comprends bien, cela rejoint la notion de morale. S'il y a une morale (distincte de l'instinct naturelle), si on peut faire une séparation entre le bien et le mal, c'est qu'il y a une norme et que cette notion a été "déposée" par Dieu dans la conscience humaine.
    J'ai lu aussi cela dans un livre de C S Lewis. J’avoue ne pas avoir compris entièrement cette logique. En fait, je me dis que les sciences de l’homme pourront peut-être un jour expliquer cela. Mais je me trompe peut-être.
    Dans tous les cas, aujourd'hui, les athées ont toute un argumentaire qui explique cette notion et les sources possibles hors de l'explication divine. Je n’ai pas étudié le sujet.
    Du coup, je ne suis plus trop sûr de l'intérêt de prendre cette notion comme preuve de l'œuvre de Dieu dans le cœur humain lorsqu'on est face à un athée intelligent et instruit.

    « - Mais, le péché originel, c'est bien une histoire de pomme ? »
    Un bon livre sur cette histoire de pomme (  ) celui d’Henri Blocher : « Révélation des origines ». Il est assez critiqué car il ne prend pas de parti pris pour le littéralisme, il est assez ouvert, même sur l’évolution. Mais même les littéralistes les plus convaincus admettent la richesse de ce livre. Et pour en revenir aux questions, en faisant de l’exégèse, il donne un sens à l’arbre de la connaissance du « bien-et-mal » (littéralement). De mémoire, il traduit cela par le fait que c’est l’homme qui décide ce qui est bien et ce qui est mal. L’homme se détache de la justice divine et par cela, devient ainsi son propre dieu. L’homme n’est plus dépendant de son Créateur.
    Grâce à Jésus-Christ, nous avons retrouvé cette dépendance ! Il nous a racheté, nous ne sommes plus esclaves du péché mais fils de Dieu, héritier, par la grâce de Dieu.

    Merci Didier !

    Yannick

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  2. Salut Yannick,
    merci pour ton message. Je vais tenter de répondre...

    "[…] mais l'injustice, au contraire, démontre l'existence de Dieu. »
    Si je comprends bien, cela rejoint la notion de morale. S'il y a une morale (distincte de l'instinct naturelle), si on peut faire une séparation entre le bien et le mal, c'est qu'il y a une norme et que cette notion a été "déposée" par Dieu dans la conscience humaine." = C'est surtout que si Dieu n'existait pas, je ne vois pas pourquoi les hommes, athées ou non, auraient une notion de bien et de mal. D'où vient cette notion ? A ma connaissance, la Bible seule l'explique (sans révéler réellement comment cela s'est passé). Si Dieu n'existait pas, le bien et le mal n'aurait aucun sens, donc la justice non plus, donc avoir une société avec des lois non plus.

    "... Du coup, je ne suis plus trop sûr de l'intérêt de prendre cette notion comme preuve de l'œuvre de Dieu dans le cœur humain lorsqu'on est face à un athée intelligent et instruit." = c'est un point parmi d'autres. Il me parait très important. Mais, il ne résout pas tout, bien sûr.

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  3. Yannick,
    intéressant le point de vue de Henri Blocher. Je compare "le fruit de la connaissance du bien et du mal" avec un autre passage : "le fruit de l'esprit". Dans le 2e cas, on ne le prend jamais de manière littérale, pourquoi alors prendre le premier de manière littérale ? Cela montre une absence de réflexion grave dans les milieux évangéliques.

    Concernant la "dépendance" dont tu parles, retrouvée en Jésus... ça me fait un peu peur cette notion. Elle parait trop religieuse à mon goût. Je crois qu'on a retrouvé bien plus et bien mieux. "Je ne vous appelle plus serviteurs, dit-il, mais amis."

    Bien à toi.

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  4. A Yannick,
    juste une remarque encore... tu as employé le terme "preuve" alors que moi j'ai utilisé le terme "démontrer"... il y a là une différence importante à mon sens. On peut faire une démonstration (qui restera toujours de l'ordre des mots et des idées), qu'on soit chrétien ou athée. Mais, ça reste une démonstration, ce n'est en rien une preuve. Une preuve, c'est expérimentale. Dieu se rencontre.

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  5. Merci Didier,

    Concernant le bien et le mal, cette notion est relative selon les individus, bien qu'elle ne l'est pas si on se réfère à Dieu, pour nous, chrétiens. Aussi, Cette notion peut peut-être s'expliquer anthropologiquement, afin de préserver la survie de l'espèce humaine (pardon pour ceux que cette idée choquerait). Ainsi, plus besoin de Dieu pour expliquer cela.

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  6. Lorsque je parle de dépendance, je parle de dépendance volontaire, d'être "esclave" de la justice.
    C'est vrai que cela semble religieux mais je crois que c'est une des facettes de l'évangile.

    Je pense aussi que tu as raison, il est possible que je n'ai pas encore entièrement expérimenté le fait d'être aussi appelé "ami" de Jésus-Christ.
    Merci pour cette remarque.

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  7. Aussi, je n'avais pas à l'esprit cette différence entre donner des preuves (irréfutables) et faire une démonstration.

    Merci encore

    Yannick

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  8. Yannick,
    merci de continuer le dialogue.

    "Concernant le bien et le mal, cette notion est relative selon les individus" = pas aussi sûr, faux creuser. Dans notre société, le jeu est maintenant faussé puisque même les athées ont pour référence de bien et de mal les commandements de la Bible (tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, etc...) même s'ls renient la foi, ils puisent dans la Bible le fondement de leurs lois sociétales. Et même si tromper sa femme ne tombe plus sous le coup de la loi, ce n'est guère considérer comme une vertue.

    Mais, ce que je relève, c'est surtout qu'il existe une notion de bien et de mal, quel qu'elle soit. Je doute qu'un arbre et un caillou ait cette notion. Pourquoi avoir une telle notion si nous ne sommes que matière ? A quoi cela peut-il bien servir à la matière d'avoir une telle notion si elle disparait après 100 années d'existance ?

    "Aussi, Cette notion peut peut-être s'expliquer anthropologiquement, afin de préserver la survie de l'espèce humaine." = donc le seul bien serait lié à une continuation de l'espèce ? Si l'espèce n'a aucun sens, pourquoi chercher à la faire durer ?

    Etre "esclave" de la justice ? Je ne comprends pas cette notion. Je lui préfère "être en adéquation avec la justice" (être juste).

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  9. Bonjour Didier,
    A certain endroit dans ce que tu dit il y a de la lumière, Sans vouloir te faire de louange car Le Seigneur te connait mieux, et a Lui elles appartiennent, et c'est Lui vraiment La Lumière des cieux et de la terre. mais je voudrait que tu réponde a une question, pour toi Le Coran c'est quoi?

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    1. Bonjour Evangelia,
      Désolé de n'avoir vu ton message que très longtemps après que tu l'aies posté.
      Pour moi, le Coran est le livre de référence de la religion musulmane. Je n'en ai lu que de très petites parties, il y a longtemps et je ne connais pas bien son contenu.
      Voilà ce que je peux dire.

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