dimanche 25 novembre 2018

Une démocratie.




Bienvenue en Hippolie


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Mesdames, Messieurs, bienvenue en Hippolie,


Nous avons peu de temps, alors je ne pourrai pas tout aborder ni tout expliquer en détail et je m'en excuse. Je vais seulement vous présenter quelques grandes lignes, quelques points fondamentaux, ceux qui me paraissent les plus importants, comme notre système de gouvernance, notre production de monnaie, nos médias, nos entreprises, nos écoles, notre système de santé... Comment tout cela fonctionne dans notre démocratie aujourd'hui. Je vous le répèterai sûrement à plusieurs reprises, notre système n'est pas parfait, notre société n'est pas idéale, il y a surement encore bien des points à améliorer. Nous y réfléchissons, nous y travaillons continuellement.


Comme beaucoup d'autres pays, nous avons connu il y a longtemps la soumission à des empires et à leurs empereurs, puis nous avons connu des Rois, parfois paisibles et intelligents, parfois tyranniques ou mégalomanes, parfois humbles et conscients de leur devoirs, parfois arrogants ou destructeurs. Puis, nous nous sommes émancipés des Rois, des chefs permanents et tout puissants pour entrer dans l'ère des démocraties. Tout d'abord, il y eu des situations mixtes, mêlant un Roi, des ministres et une assemblée nationale puis nous avons fait le choix des démocraties représentatives. Nous pensions que c'était la bonne solution pour plus de justice et d'équité. Le peuple pouvait choisir des personnes fiables, compétentes, honnêtes, pour les représenter, défendre leurs droits et répondre à leurs besoins. On cherchait les meilleurs pour servir le bien commun. Mais avec le temps, nous avons vu se mettre en place une nouvelle sorte d'aristocratie, nous votions pour des représentants qui ne représentaient plus qu'eux-mêmes. Nous avons souffert des problèmes qui se sont accumulés dans beaucoup de démocraties représentatives. Ce système qui avait peut-être été le meilleur à une époque, dans certains contextes, s'avérait être de moins en moins efficace pour la gestion et le développement du pays, générant ses propres dérives, ses propres impasses, ses propres contrôles cadenassés. Nous avons traversé des crises fortes, des crises économiques, des crises sociales qui furent parfois violentes. Nous avons constaté l'accroissement de la pauvreté dans le pays. Nous avons vu se creuser les inégalités jusqu'à ce que cela devienne invivable pour la majorité de nos concitoyens. La richesse de notre pays s'évaporait, les rouages de la gouvernance étaient bloqués, tenu par une sorte de caste d'élus. 


L'un des principes premiers dont nous avons pris fortement conscience est que la société humaine évoluant depuis la nuit des temps, par conséquent notre système démocratique pouvait lui aussi évoluer. Il pouvait être modifié, il pouvait déboucher sur une autre forme de démocratie. Une autre organisation de la société pouvait voir le jour si on en avait la volonté, donnant ainsi naissance à une étape nouvelle de l'histoire des sociétés. Notre système démocratique représentatif s'était corrompu, il n'était plus un système efficace pour le bien-être de la population et le développement du pays. Nous pouvions faire mieux, nous devions absolument faire mieux. Si une démocratie représentative conduit inlassablement les populations dans la pauvreté et dérive vers un contrôle de plus en plus autoritaire, alors ce n'est plus une démocratie. L'emploi des mots a été d'une grande importance, d'un côté pour manipuler, d'un autre pour prendre conscience des réalités et s'émanciper de systèmes nocifs, bloqués ou corrompus. Appeler un système de fonctionnement « démocratie » ne suffit pas pour qu'il en soit un.


Nous avons alors cherché à mettre en place un nouveau type de gouvernance, différent de ce que l'on avait connu jusque là, pour résoudre un certain nombre de problèmes qui, non seulement duraient mais ne faisaient qu'empirer, menaçant tout le monde d'effondrement et de ruine. Il nous fallait absolument trouver des solutions. L'augmentation du chômage, de la pauvreté, des inégalités, l'accélération des souffrances et des violences nous obligeaient à un changement profond, radical. Nous avons d'abord écouté ceux qui proposaient des solutions dans le fonctionnement même de notre démocratie, puis, comme aucune ne semblait pouvoir résoudre nos problèmes toujours plus nombreux, toujours plus graves, nous avons cherché autre chose. Aucune présidence, aucun gouvernement, aucun parti politique n'arrivait à résoudre nos difficultés, nous avons donc pris la décision de changer entièrement le système lui-même, de partir sur de nouvelles bases, de changer radicalement nos perspectives, de réajuster nos valeurs et de tout restructurer en fonction d'elles. Certains ont cru que cela allait être encore pire, certains ont cru voir venir le chaos... Mais heureusement, ce n'est pas ce qui est arrivé. Je ne dis pas pour autant que le grand changement s'est fait sans difficultés, sans conflits ni frustrations, sans inquiétudes ni tension... Mais notre vision était claire et notre but précis. Nous avons simplement cherché plus de démocratie, plus de justice, plus d'égalité, cela s'est parfois fait au détriment de profits personnels exagérés. Un profit collectif était notre objectif. Nous désirions une croissance saine, pas forcément fulgurante, et cela pour l'ensemble de notre population, pas pour une minorité d'investisseurs ou de dominants. Le plus dur a été de commencer. Par quoi fallait-il commencer ? Et comment ? Ce fut compliqué à discerner, difficile à définir. Notre ancienne démocratie, qui n'en était plus une depuis longtemps était au bord du chaos, proche de nouveaux conflits violents que nous devions absolument éviter. Mais il y avait tant de choses à revoir, à refondre, à remettre en ordre, tant de déséquilibres dans tous les domaines, tant d'éléments à repenser. Dans une démocratie représentative, les élus doivent représenter et défendre les intérêts des électeurs, hélas, avec le temps, le principe avait été détourné de son but. Les élus ne défendaient guère leurs électeurs mais plutôt leur parti politique, leur programme, leur conviction personnelles, leur carrière ou des intérêts financiers privés. Ils ne servaient plus ni les populations ni le pays. 


Un des problèmes majeurs a été de trouver un juste milieu entre l'individu et la communauté. Nous avons cherché le développement de l'individu comme de l'ensemble de la communauté. Equilibre difficile, voire fragile. Il nous fallait tout refondre mais éviter absolument de basculer dans une dictature, de tout dicter d'en-haut. Nous ne voulions pas laisser les individus libres d'exploiter les autres mais nous voulions les individus libres tout de même. Trouver l'équilibre, le juste milieu entre le développement personnel et le développement collectif a été un défi. Le collectif ne devait pas broyer l'individu et l'individu ne devait pas appauvrir le collectif. Nous voulions éviter de favoriser l'individu au détriment de la communauté et nous voulions éviter de favoriser la communauté au détriment de l'individu. Nous ne voulions pas que la communauté écrase l'individu ni que l'individu puisse exploiter la communauté pour un profit personnel exagéré ou injuste. Il fallait que de nouvelles structures et de nouvelles lois permettent un équilibre, un développement de tous, et non pas de quelques uns seulement au détriment des autres. L'Etat non plus ne devait pas devenir écrasant. Pour cela, il nous a fallu définir de nouvelles règles, formuler de nouvelles lois, poser un nouveau cadre. 


Les résistances furent nombreuses et parfois virulentes. Ceux qui convoitaient le pouvoir ne voulaient pas d'un changement qui ne leur permettrait plus de dominer. Ceux qui avaient des profits personnels à la situation en place ne voulaient surtout pas que cela change. Ils se sont battus bec et ongles, toutes dents sorties et bien aiguisées, accusant les réformateurs de tous les crimes, ignorant tout principe d'honnêteté. Ce fut long, très long, mais ils ont échoués. 




Le gouvernement


La première chose, la plus difficile... et je me demande encore aujourd'hui comment nous y sommes parvenus tant les oppositions étaient fortes et les calomnies violentes... certains ne s'en sont pas remis. Les privilégiés les plus haut placés ont résisté de toutes leurs forces et par tous les moyens, jusqu'aux intimidations, aux menaces et mêmes parfois à des violences physiques. Nous ne voulions ni haïr les riches, ni mépriser les pauvres, nous ne voulions pas fustiger une partie de la population, nous ne voulions pas choisir un camp ni être contre qui que ce soit mais chercher ce qui est juste pour un pays qui se réclame de la liberté et de l'égalité. Ce fut un vrai casse-tête. Nous voulions créer un cadre qui permette simplement plus de croissance pour tous. Il nous fallait plus d'équité et des lois qui permettent de lutter contre la corruption. Il nous fallait tout reprendre à la base. Il nous fallait mettre en place de nouvelles structures qui ne permettent plus à une classe sociale en particulier de tout contrôler, de tout diriger, des structures qui puissent court-circuiter tous les abus et les conflits d'intérêts, qui puissent veiller à une meilleure répartition des richesses et empêcher tout basculement dans un système autoritaire. Nous avons lancé un grand chantier national de ré-écriture de la Constitution du pays. Il ne fallait pas toutefois que des professionnels de la politique l'écrivent afin qu'ils n'influencent pas sa rédaction en fonction de leurs propres intérêts. Ce chantier dura deux ans et demi, chaque ville, chaque village devait avoir son bureau d'écriture libre. Tous les citoyens étaient encouragés à y participer activement par une campagne de communication continue. Les écoles primaires, les collèges, les lycées et les Universités avaient développé leurs ateliers constituants. Chacun pouvait y apporter ses idées, ses propositions. Faire le tri de tout cela fut long et complexe mais petit à petit une constitution validée par la majorité des citoyens prit forme. Elle favorisait le bien commun, protégeait les plus faibles et empêchait les abus de pouvoir que nous avions connu.


Nous avons ensuite créé une Assemblée qu'on a nommé Le Regard Constitutionnel, assemblée de citoyens tirés au sort parmi les volontaires de la population, majeurs, hormis ceux qui avaient un casier judiciaire, y compris les anciens hommes et femmes politiques qui avaient été reconnus coupables de malhonnêteté par un tribunal. Cette assemblée avait pour seule fonction de vérifier toutes les lois, passées ou futures, afin de voir si elle étaient en adéquation avec la nouvelle Constitution. Dans le cas contraire, elles étaient immédiatement annulées sans débat. Les membres de cette Assemblée recevaient un salaire qui ne devait pas être trop bas pour ne pas démotiver, ni trop élevé pour ne pas susciter trop de convoitise, il fut fixé à 3 000 Polies. Les membres de l'Assemblée étaient tirés au sort pour un mandat de trois ans à l'issue duquel ils ne pouvaient plus se présenter. 


Parallèlement à cela, nous avons mis en place une Assemblée Nationale Citoyenne, composée de membres tirés au sort parmi les citoyens volontaires, selon les mêmes règles que Le Regard Constitutionnel. Bien sûr, cette notion nouvelle de tirage au sort a été très mal comprise au début, beaucoup de monde l'associaient avec des concepts de chance, de hasard, d'amateurisme et de manque de sérieux. Ce fut un travail très long pour faire comprendre qu'en réalité c'était bien plus sérieux que de voter pour des professionnels de la politique qui cherchaient avant tout leurs intérêts. Le tirage au sort nous a semblé plus sérieux et plus efficace quand on cherche vraiment la démocratie et l'égalité. Cette Assemblée Nationale Citoyenne remplaça l'Assemblée Nationale d'élus que nous avions depuis des siècles. Elle avait pour but de discuter et de voter les lois. Si besoin, elle faisait appel à des avocats, des juges, des scientifiques, des spécialistes de tous bords pour en recevoir conseils et éclaircissements, mais l'Assemblée devait toujours être constituée de représentants des différents métiers qui constituent notre tissu social, hommes et femmes, des agriculteurs, des ouvriers, des médecins, des infirmiers, des pompiers, des instituteurs, des employés, des cadres, des balayeurs, des commerçants, des artistes, des artisans, des journalistes, des retraités, des chômeurs, etc. 


Les partis politiques furent interdits. Les partis politiques, je dis bien, pas les idées, pas les volontés, pas les réflexions, pas les débats, pas les propositions, pas les contradictions... Nous nous étions tellement enfermés dans le règne des partis et de leurs dirigeants vedettes, qui se battaient pour obtenir le pouvoir et nous tiraient presque tous vers le bas. Quand on pense aujourd'hui qu'un professionnel de la politique pouvait présenter un élément de programme pour être élu et ne pas être sanctionné s'il ne l'appliquait pas une fois au pouvoir, on se demande comment on a pu accepter cela. Nous voulions trouver autre chose, quelque chose de neuf. Voter pour le chef d'un parti ne rimait plus avec démocratie puisqu'il faisait ce qu'il voulait une fois élu, sans rendre de compte à personne et sans écouter la population. Nous voulions mettre fin aux carrières politiques personnelles et à la domination néfaste des partis. 


Nous avons donc changé notre système de gouvernement pour qu'il soit bien plus démocratique. Nous avons mis un terme à la fonction de Président de notre République. Nous ne voulions plus de chef, quel qu'il soit. Je reviendrai peut-être sur cette notion de chef qui est la cause de bien des égarements et des abus dans l'Histoire. Nous avons instauré des Commissions d'Etat qui remplaçaient les anciens ministres, sur les sujets les plus importants de la société. Chaque Commission, composée de onze personnes, était l'objet d'élections nationales tous les 5 ans. Elle devait obligatoirement se soumettre à une Charte dont elle ne devait jamais s'éloigner. « Chercher le bien commun à court, moyen et long terme » la résumait. Chaque étude, chaque réflexion, chaque proposition, chaque décision, chaque action mise en oeuvre devait être soumise à la question. Pour chaque aspect de son travail, elle devait se demander  : « En quoi cela sert-il le bien commun, pour aujourd'hui et pour demain ? ». Une Commission d'Ethique de Gestion fut constituée pour surveiller les Commissions d'Etat afin d'éviter toute corruption, tout détournement d'argent, tout abus et toute influence extérieure qui était en contradiction avec la Charte, une sorte de police qui ne surveillait que le gouvernement. Chaque Commission devait travailler à l'écoute des branches dont elle s'occupait... Les agriculteurs et leurs filières de production, de distributions, de commerces pour la Commission de l'agriculture, Les artistes et leurs filières pour la Commission de la culture, etc. Les différents acteurs d'une branche devaient tous être reçus et écoutés régulièrement, c'était une obligation de la Charte des Commissions. Au début, nous avons eu le cas d'un Commissionnaire qui détourna 60 000 Polies dans un compte en banque Suisse. Dès que cela fut découvert, il fut arrêté, jugé rapidement, condamné à 5 ans de prison ferme et ne plus jamais pouvoir travailler dans un organisme qui gère de l'argent public. L'argent a été récupéré et le Commissionnaire a du payer une forte amende. 

Les Commissionnaires sont élus par les citoyens inscrits sur les listes électorales sur des critères de compétences et d'honnêteté et non pas sur des discours, des idéologies ou des programmes. Les Commissionnaires sont élus pour cinq ans, avec un salaire ne pouvant dépasser 3 000 Polies et ne pouvant pas être élu deux fois de suite. Un élu qui a commis la moindre des fautes d'éthique est immédiatement démis de ses fonctions et ne peut plus jamais occuper aucun poste de gouvernance publique. Les Commissions ne sont pas dirigées par un chef mais sont collégiales. 


Les points les plus délicats, les lois les plus controversées, sont soumis au vote de la population par référendum, ce qui est tout de même la moindre des choses dans une démocratie. Un pays qui n'organise jamais de référendum, qui ne demande jamais son avis directement à la population et qui ne reçoit jamais les représentants de manifestations public prend une bien mauvaise direction. Nous avons également institué le Référendum d'Initiative Citoyenne en toute matière qui permet au peuple, à partir d'un certain nombre de signatures, de saisir les Commissions d'Etat qui doivent alors considérer la demande, revoir une décision du gouvernement ou organiser un référendum national sur le point soulevé. Nous sommes sortis du culte du chef, du président sauveur, du Roi tout puissant, du meneur charismatique pour passer à plus de maturité. Cela a nécessité un effort considérable d'éducation populaire et un accroissement de la conscience politique.


Toutes les infrastructures du territoire furent réattribuées au pays. Nous avons bien compris que notre pays appartient à ses habitants et pas à son gouvernement et encore moins à des entreprises privées. L'Administration ne fait que gérer le pays mais le pays n'appartient pas aux gérants, les gérants sont aussi des citoyens, ils ont une fonction dans la société, comme les autres mais le pays ne leur appartient pas. Ils ont également des comptes à rendre à la population. Les « Services publiques » s'appellent désormais « Les biens communs ». Nous avons récupéré nos autoroutes des mains du privé ainsi que nos aéroports, nos ports, quelques usines et même des clubs de foot. Le club de foot de notre capitale appartient désormais à sa Mairie. Les salaires des joueurs sont redevenus raisonnables et tant pis s'ils ne gagnent pas de compétition, nous les soutenons quand même. 


La gestion de l'eau, de l'électricité, du gaz, des hôpitaux, des écoles, etc. devaient aussi revenir à l'Administration du Pays afin d'éviter que ces domaines vitaux ne servent à l'enrichissement de quelques mains privés et sans scrupules. Pour que ces services coûtent moins cher aux populations il fallait qu'ils sortent des mains du marché lucratif. Mais il fallait aussi que l'Administration s'en occupe convenablement et ne laisse pas à la dérive l'un ou l'autre de ces domaines. Nous y avons donc investi beaucoup d'argent, favorisant ainsi l'égalité et la fraternité sur le territoire. Nous avons embauché beaucoup d'infirmières, d'instituteurs, de professeurs, de policiers, j'aurai peut-être l'occasion d'en reparler. Notre but était que toutes ces institutions soient les plus saines possibles. Nous avons également créé une télévision d'état, sans publicité, ayant pour but de distraire et d'instruire sainement et intelligemment. Bien sûr, aucun des animateurs ou journalistes de cette chaîne ne peut gagner des salaires mirobolants dans ce média. Je parlerai plus loin des salaires qui ont été plafonnés. Nous cherchons autant que possible de sortir des travers du chef-dominant et du vedettariat. 




La monnaie


Notre système bancaire aussi a du être revu et corrigé. Depuis des décennies, notre Etat ne pouvait plus créer sa propre monnaie, il devait emprunter l'argent dont il avait besoin pour fonctionner sur les marchés financiers, à des banques privées et les rembourser avec des intérêts. Nous avons mis du temps à réaliser combien c'était absurde, combien il s'agissait là d'une folie qui nous conduisait à nous appauvrir continuellement. Imaginez, chaque année l'Etat et les collectivités devaient rembourser des sommes colossales d'intérêts aux banques privées, des millions, autant d'argent qui était produit par le pays mais qui ne l'enrichissait pas, qui n'y était pas investi. Ces dettes permanentes, consciemment entretenues, finirent par devenir astronomiques et donc insupportables. Elles nous empêchaient d'avancer, pire, elles conduisaient les politiciens à vendre le pays par morceaux - des aéroports, des ports, des routes, etc. - pour pouvoir rembourser les dettes tout en continuant de la faire grossir en empruntant avec intérêts encore encore, toujours et toujours. Cette folie enrichissait les banques, enrichissaient les investisseurs, c'était une cette aberration. Il fallait absolument stopper cette hémorragie. Nous avons mis un terme à ce système démentiel en créant une Banque Citoyenne dont le rôle n'était pas de faire du profit mais de permettre le développement du pays, des entreprises, des foyers, la spéculation lui est totalement interdite. Cette banque produit notre monnaie, nous ne devons donc plus en emprunter sur les marchés privés et nous ne remboursons donc plus d'intérêts. Des millions ont été économisés chaque année. Les entreprises et les ménages peuvent maintenant emprunter à taux zéro, ce qui est une aide considérable pour le développement. Cette banque gère simplement les dépôts d'argent des populations, et cela, sans aucun frais pour les clients puisqu'elle fonctionne sur l'impôt. La population n'a pas obligation d'y avoir son compte mais la loi oblige toutes les autres banques à informer leurs clients de ce qu'elles font de l'argent qui leur est confié.

Durant les années noires, vers 2035-2050, bien des banques ont fait faillite, nous ne les avons pas aidées à survivre mais nous avons secouru leurs clients en leur ouvrant un compte dans la Banque Citoyenne et crédité du montant qu'ils avaient sur leur compte précédent au moment de la faillite. Les banquiers dont la gestion fut malhonnête furent interdits d'exercer sur le territoire de manière définitive. On a essayé de mettre un peu d'éthique dans la finance. La finance n'était pas notre ennemi, notre ennemi était la malhonnêteté, la dissimulation, le mensonge et la cupidité. Une finance saine dans un pays équilibré est tout à fait possible. Une bonne finance n'est pas un ennemi mais un allié, un support, une aide. La Banque Citoyenne fait des prêts sans intérêts pour les ménages et les entreprises et ça dynamise l'économie. A la suite du grand crash des années noires, de nouvelles banques privées se sont créées avec une volonté d'utilité plus que de profit. La cupidité des ogres rongeait la société de tout côtés, tout en détruisant la planète à toute vitesse. Nous voulions redresser la barre, changer de trajectoire, faire le mieux que nous pouvions. 








L'entreprise


Dans les domaines de l'entreprise et de l'industrie il y a eu, comme en politique et en finance, exploitation et cupidité avec pour conséquences tant d'inégalités et de pauvreté, de désespoirs et de violences qu'il nous fallait poser de nouvelles règles pour améliorer la vie du plus grand nombre. Nous avons décidé que les outils de production ne soient plus un moyen d'enrichissement pour des personnes qui n'y travaillaient pas mais pour tous ceux qui y travaillaient. Le fruit de la vente des produits d'une entreprise devait être réparti entre toutes les personnes travaillant dans l'entreprise. Certains postes sont payés davantage que d'autres en fonction de leur difficulté physique ou de leur complexité intellectuelle, mais « directeur » est un poste, « ouvrier qualifié » est un poste, « agent de ménage » est un poste, et tous participent à la production de l'entreprise, donc tous méritent d'avoir part à ses bénéfices. Une fois les frais, les investissements et les salaires payés, l'entreprise a l'obligation de répartir le bénéfice restant entre tous les employés, à part égale. Par ailleurs, les grandes décisions de l'entreprise ne peuvent plus être prises sans un vote d'accord de tous les salariés. Cela a mis un terme à l'hémorragie des délocalisations.

Dans tout le pays, les salaires maximum ont été limités à 20 000 Polies. C'est une somme déjà bien importante pour rémunérer le travail d'un individu. Nous avons ré-injecté du bon sens dans l'industrie. Inutile de gagner des sommes folles pour vivre décemment, par contre, partager les richesses permet qu'un plus grand nombre puisse vivre décemment. Un directeur d'une grande entreprise ou un footballeur du plus haut niveau ne peut plus être payé davantage. Certaines commissions débattent encore aujourd'hui de baisser ce montant maximum à 10 000 Polies. Quelques fortunés avides ont quitté le pays, ce qui a assaini le paysage industriel et aidé au redémarrage de l'économie. Quand je parle de ne pas amasser des fortunes, comprenez-moi bien, je parle des salaires, c'est autre chose pour les travailleurs indépendants qui proposent un service ou un produit sans être salarié. Un artiste qui vend beaucoup peut gagner plus de 20 000 Polies par mois. Le plafonnement concerne les salaires, pas l'ensemble des revenus. Et au salaire s'ajoute le bénéfice que génère l'entreprise qui est réparti entre les employés comme je viens de le dire. Un directeur de grande entreprise qui gagne 20 000 Polies reçoit en plus de son salaire son pourcentage de bénéfice, tout comme l'ouvrier, la secrétaire et le technicien de ménage. 

Quand les cupides partent, on ne se porte que mieux parce qu'un pays ne se développe que sur le travail effectif de sa population. Les cupides ne font que détourner les richesses produites par d'autres à leur propre compte. Quand les cupides sont parti, ils n'ont pas pu emporter leur usine avec eux, parce que ce n'était plus leur usine. Une usine appartient désormais à ceux qui y travaillent, y compris le directeur général, mais pas à lui seulement. Il ne s'agit pas de combattre le patronat mais de lui donner un cadre équilibré qui ne lui permette plus de s'enrichir au détriment d'autrui. Tout ceux qui travaillent doivent faire du bénéfice ou aucun d'entre eux. Et ceux qui qui ne travaillent pas dans l'entreprise n'ont aucun droit légal de toucher un bénéfice. Tous ne sont pas partis, loin de là. Un bon nombre de personnes très riches ont bien compris le gain général de notre système et l'avancée historique qu'il représentait. Ils ont été ravis d'y participer.

Dans l'entreprise, comme dans la politique et l'école, nous avons voulu mettre fin à cette idée folle de la compétition. Le travail n'est pas un esclavage, le travail n'est pas le but de la vie, le travail n'est pas un marché, le travail n'est pas une compétition. L'être humain est fait pour se développer, comme toute vie, mais dans l'entraide. On ne doit pas être en compétition, ni à l'école, ni au travail, ni dans la gestion d'un pays. Si il y a compétition alors il y a forcément des perdants. Il ne nous fallait pas seulement résoudre des problèmes de société comme le chômage ou les inégalités mais refondre notre conception même de la société et de notre rapport à l'autre. Le « tous gagnants » a paru une utopie idiote à beaucoup lorsque nous avons commencé notre oeuvre de refonte, mais petit à petit, elle a gagné du terrain et a finalement convaincu le plus grand nombre. Ce dont on doutait est devenu une évidence.


Quant aux salaires, ils ne sont plus payés par les entreprises à leurs employés mais par des caisses auxquelles cotisent les entreprises. Partant du fait que nous avions un PIB qui nous le permettait, nous avons défini un revenu de compétence à vie, attribué de l'âge de la majorité jusqu'au décès pour chaque personne ayant la nationalité Hippolienne. Pour l'instant, ce revenu est de 1500 Polies à la majorité. Il rémunère la capacité de travail de la personne. Tout au long de la vie ce revenu peut augmenter en fonction de l'accroissement des compétences, soit par l'expérience, soit par la formation. Des Commissions évaluent régulièrement les compétences de chacun, les revenus sont alors revalorisés. Nous avons de ce fait supprimé toutes les aides sociales. Oh, comme nous avons eu des oppositions sur ce point en particulier. « Fantasme délirant » pour les uns, « danger de chaos » pour les autres, « fin de notre société »... Mais la fin d'une société inégale et injuste, c'était bien là ce que nous voulions. Ce revenu de vie a dynamisé notre économie, chacun pouvant enfin s'acheter ce qu'il désirait, ayant les moyens de vivre bien, le commerce a repris comme jamais. Cela mit aussi fin au chômage et à son cortège d'angoisses et de désespoirs. Les initiatives et les projets se sont multipliés, chacun ayant le temps et la possibilité d'investir dans son avenir, son avenir nourrissant l'avenir du pays comme un terreau fertile. Les bénéfices furent incalculable. 

La grande peur a été de croire un temps qu'un revenu de vie aurait pour conséquence la paresse et l'inactivité du plus grand nombre, ruinant ainsi toute l'économie, effondrant toute la société. Mais il n'en fut pas ainsi. Libéré de la recherche d'un revenu, chacun pouvait se consacrer à un travail avec une autre vision, avec un autre but. « Idéalisme naïf » nous a-t-on crié longtemps et avec mépris. Jusqu'à ce que les faits viennent confirmer qu'on avait fait le bon choix. D'une part, cela a relancé le commerce, d'autre part, cela a décuplé les initiatives et les créations diverses, notamment les petites entreprises, les associations, les artisans et les artistes. Mais surtout, cela donna au travail un tout autre sens, remettant les valeurs d'utilité au premier plan. On a vu fleurir les crèches et les services aux personnes âgées par exemple, tout s'est restructuré dans une nouvelle perspective. 

On craignait de perdre la main d'oeuvre des emplois les plus ingrats ou les plus difficiles mais ce ne fut pas le cas. D'une part, tout travail permettait d'acquérir une expérience et donc une augmentation progressive du revenu - et tout travail dans une entreprise faisant du bénéfice l'augmentait aussi, ce qui était une motivation au travail - et d'autre part les revenus des emplois les plus ingrats et les plus difficiles physiquement furent immédiatement augmentés. Enfin, nous avons bien vu que l'oisiveté n'est pas le propre de l'Homme, quand on travaille dans un autre but que de gagner de l'argent, on a rarement envie de ne rien faire. L'ennui est le pire ennemi de l'Homme. Il y a bien sûr des personnes qui ont choisi de ne faire que lire ou de se promener en bénéficiant de leur revenu de vie, mais très vite, elles ont voulu partager leurs connaissances, faire découvrir ce qu'elles découvraient ou développer des actions pour protéger l'environnement. Tout cela tira l'ensemble de la société vers le haut. Il reste toutefois des citoyens qui finalement ne se lancent dans aucun activité spécifique mais ils sont si peu nombreux que la richesse du pays n'en est pas affectée. Une autre conséquence bénéfique fut que cela mit fin à toutes sortes de tyrannies dans les entreprises, les dirigeants ne pouvaient plus mépriser ou harceler des employés puisque ceux-ci ne craignaient plus de démissionner et de se retrouver sans revenus si leur place ne leur convenait plus. Cela fit naître un cercle vertueux et favorisa le respect.


Etant donné que les besoins de chacun étaient comblé, il fallait veiller à ce que les prix des denrées alimentaires, de l'essence, des logements, ne soient pas multipliés par deux, pas trois, pas quatre... Pour les denrées alimentaires et les biens de première nécessité, comme pour les logements, nous veillions à ce que les agriculteurs et les entreprises soient payés correctement pour leur productions et que les vendeurs ne pratiquent pas des marges démesurées. Toute la population doit avoir accès à ces produits qui doivent toujours être maintenu à des prix abordables.




L'agriculture


Nous avons également restructuré l'agriculture. Nous avons réduit progressivement tous les pesticides et autres produits dangereux pour la santé tout en développant massivement l'agriculture biologique, la permaculture et toute autre démarche saine. Nous sommes arrivés dans notre histoire à des seuils tellement graves que nous avons été obligés de réagir... Lorsqu'une tarte aux pommes était composée d'autant de pesticides que de pommes, nous avons obligé les industriels à les appeler « Tarte aux pesticides » et non plus « Tarte aux pommes. ». Leurs ventes se sont vite effondrées. Je prends l'exemple des tartes aux pommes mais cela concernait une multitude de produits. La Commission de la Santé vérifie de manière draconienne la production alimentaire afin d'être certaine qu'elle soit sans danger pour la population. Une population en bonne santé est une population plus active, et active plus longtemps, donc plus productive. Nous veillons à ce que les citoyens soient informés le plus possible et le plus clairement possible sur le contenu et la qualité des produits commercialisés. Pour exemple, il y a quelques décennies, nous avions des boites de céréales sur le paquet desquels étaient inscrits « 50% de céréales » mais on ne disait pas que les autres 50% étaient du sucre et que c'était catastrophique pour notre santé. Nous avons voulu mettre fin à ces pratiques de manipulations publicitaires qui trompaient les populations pour faire du profit. Nous avons d'ailleurs fini par supprimer les affichages publicitaires de marques ou de produits dans la rue comme les spots publicitaires au milieu des films. Nous avons procédé à un investissement immense dans l'agriculture afin de multiplier les structures agricoles saines, productives et pérennes. Nous avons fait les choses progressivement, une partie de la population n'était pas contente, cela bouleversait leurs habitudes de consommation, ils ont cru à la montée d'une nouvelle dictature, mais nous avons tenu bon. Nous sommes partis du principe que tout d'abord la population devait savoir et bien comprendre les conséquences de tel ou tel produit et les raisons de telles ou telles lois. L'information et l'instruction furent primordiales. Certains disaient « Et si je veux, moi, manger de l'huile de palme, j'en ai le droit ! » Nous répondions « Oui, tout à fait. Vous avez le droit d'aller récolter vous même votre huile de palme et de la manger, ce n'est pas interdit. Mais, nous, nous avons aussi le droit de ne pas vouloir la diffusion massive de produits nocifs pour la santé, surtout pour les enfants. »


Nous avons financé le développement d'alternatives aux grandes surfaces en ce qui concernait les produits alimentaires de base. Nous avons travaillé directement avec les petits producteurs pour leur permettre de pouvoir vendre leurs produits de manière plus rentable pour eux. Nous avons aidé à la multiplication de petites coopératives agricoles, nous avons aidé au développement de la diffusion des produits locaux dans chaque région. Nous avons cherché à distinguer ceux qui voulaient simplement travailler de ceux qui voulaient s'enrichir. Nous avons grandement développé le local. Il nous est apparu aberrant qu'on importe des pommes de terre ou du blé dans des régions où on pouvait en cultiver. Il nous est aussi paru injuste que des entreprises ou des investisseurs étrangers puissent acheter des terres, comme des vignobles par exemple... Et quand je dis "étranger", ça signifie que même une entreprise d'une ville du Nord ne peut plus posséder des vignobles situés dans le sud du pays. C'est aux gens de chaque région d'exploiter le potentiel de leur région. C'est à ceux qui y travaillent d'en récolter les fruits. L'Administration les aidant, faisant tout pour qu'ils puissent s'organiser, se développer et que personne ne leur mette des bâtons dans les roues.




La santé


Dans les domaines de la santé, nous avons aussi voulu avancer. Depuis des années, nous avions déjà adopté le système français de Sécurité Sociale inventé après la seconde guerre mondiale par le conseil National de la Résistance. Nous avons essayé d'aller un peu plus loin. La santé est l'un des moteurs d'un pays, comme l'éducation, c'est d'une importance fondamentale. Les médecins ne sont plus payés par les patients. Ils sont payés, comme les Hôpitaux, par la communauté, via l'impôt. Des barèmes de salaires ont été défini en fonction des compétences de chaque médecin, comme pour l'industrie. Nous veillons à ce que la santé, comme l'école et la politique, ne soit pas un moyen d'enrichissement. Nous avons multiplié les postes d'infirmières, d'aides soignants, les médecins dans les Hôpitaux, les maisons de retraite, les centres de soins divers afin d'obtenir un meilleur service partout. Concernant les vaccins, le minimum est requis, sans manque ni exagération, la priorité est donnée au soin. Un Etat ne doit pas être au service des industries pharmacologiques, ni d'aucune industrie. Une surveillance particulière a été mise sur les conflits d'intérêts, les décideurs et les conseillers doivent être neutre, ils ne doivent avoir aucun intérêt personnel vis à vis d'un laboratoire ou d'une entreprise, dans le domaines de la santé comme dans tout autre domaine.




L'éducation


Nous avons vu, au cours du chaos des années noires que nous avions un grand problème d'immaturité et de malhonnêteté dans la politique, dans les médias et dans les grandes entreprises. On cultivait des égos plutôt que l'intelligence et la sagesse. Il nous fallait absolument former de jeunes générations plus intelligemment. Il nous fallait les conduire à devenir plus mûres, plus responsables, développer une conscience citoyenne, une conscience collective plus grandes, plus fortes, apprenant aux enfants que le pays appartient à la communauté toute entière, qu'il se partage, que le citoyen n'est pas au service du gouvernement, que l'aide vaut mieux que la compétition, que l'écoute vaut mieux que le mépris, que la conciliation vaut mieux que le conflit, qu'il fallait aussi chercher une réussite collective plutôt qu'une seule réussite personnelle. Il fallait absolument ré-introduire de la morale dans la société. Nous avons repensé tout notre système d'éducation, un immense chantier qui fut très long à porter ses fruits, mais cela en valait la peine. 

Nous voulions d'abord combattre l'esprit de compétition. Les écoles devaient devenir des systèmes d'instructions, de développement et d'encouragement et ne plus être une longue épreuve de sélection ni de compétition entre tous pour être le meilleur, pour réussir une carrière sans se soucier de l'autre. C'est une vie qu'il faut réussir et pas seulement une carrière professionnelle. Et cette vie se situe dans un cadre, une collectivité, une réussite individuelle ne suffit donc pas. La compétition, tant à l'école que dans l'entreprise, devait être comprise comme destructrice d'une société, comme un frein au développement et remplacée par le partage et l'entraide. Nous avons compris que tout vient de l'instruction. Avant, on disait aux meilleurs qu'ils étaient "l'élite de la nation", aujourd'hui on leur fait comprendre qu'ils sont compétents pour aider les autres, pas pour faire du profit personnel. C'était plus gratifiant pour tous. Ça peut paraître naïf, mais cela ne l'est pas si le cadre est approprié.

Nous avons réduit le nombre d'élèves dans toutes les classes, durant toute la scolarité, à un maximum de 15 élèves. On ne peut pas faire un travail efficace avec des classes surchargées, c'est simplement impossible. On a embauché les institutrices, les instituteurs, les professeurs nécessaires. Les devoirs à la maison ont été supprimés. L'Etat ne fait plus de programme scolaire de manière hiérarchique et autoritaire mais ce sont les directeurs d'écoles, les professeurs, les institutrices et les instituteurs de chaque établissement qui fondent collectivement leur propre programme d'instruction pour les élèves qu'ils connaissent dans leur milieu, basé sur une charte commune distribuée par la Commission d'Etat à l'Instruction qui donne les grandes lignes et une vision générale concernant l'entraide, le partage, le respect en plus des matières classiques. Nous cherchons à aider le développement de citoyens conscients et responsables sans leur remplir la tête de données inutiles, nous ne sommes pas des ordinateurs.

Quand des enfants apprennent plus vite ou qu'ils ont déjà des connaissances acquises, on ne les bride pas pour faire avancer les autres mais on leur donne la possibilité d'aller de l'avant tout en leur apprenant à aider les autres. Quand au contraire des élèves ont de grandes difficultés, une aide scolaire et psychologique est mise en place automatiquement. Tous les diplômes ont été supprimé, du coup les épreuves et le stress qui allaient avec également. Chaque étape de la scolarité est validée par une attestation de scolarité présentant le parcours suivi et mettant en avant les points forts de chaque élève. On essai de discerner les domaines de compétence des élèves et de les encourager dans leur voie de prédilection. Nous avons mis un accent fort de valorisation quelle que soit les champs développés, qu'ils soient manuels, sportifs, artistiques ou intellectuels en soutenant des filières spécifiques à chaque domaine. Le but est de permettre à tous élèves de trouver une voie, qu'elle soit manuelle ou intellectuelle. Un pays a besoin de tout le monde, des compétences de chacun, nous avons autant besoin d'agriculteurs, de boulangers, de mécaniciens, d'éboueurs que d'écrivains ou de scientifiques. Aucune branche ne doit être méprisée.

Que dire d'autre ?... Dans les domaines de l'écologie, nous ne cherchons pas la décroissance mais l'équilibre. Nous voulons une croissance intelligente, saine, sans destruction de l'environnement, ou le moins possible, nous encourageons la croissance d'une autre mentalité plutôt que la croissance du profit. Nous encourageons et soutenons la multiplication d'initiatives constructives. On peut faire progressivement décroître ce qui pollue et faire croître ce qui ne pollue pas ou ce qui pollue moins. On a encore beaucoup de progrès à faire, bien sûr, freiner la folle machine industrielle prend du temps, beaucoup de temps. Nous avons d'ores et déjà choisi un meilleur cap. Les entreprises exagérément polluantes ont été contraintes soit de se transformer soit de quitter le territoire. On ne veut pas faire payer les pollueurs, ce serait leur permettre de polluer, on veut les arrêter ou les restreindre considérablement. Nous cherchons la croissance de l'intelligence. Toutes les initiatives de culture ou d'innovation sont repérées et soutenues. Toutes les idées nouvelles sont considérées, les plus sérieuses sont soutenues financièrement. Aucune industrie ne peut s'y opposer ou construire des monopoles qui seraient injustes. Les petites entreprises, les artisans sont soutenus et accompagnés. Nous voulons permettre aux petites initiatives de grandir et aux grandes de n'étouffer personne.


Nous avons mis un terme définitif, nous l'espérons, aux Zoos, aux Corridas, aux spectacles animaliers, et ce, afin de commencer un nouveau rapport de l'Homme civilisé au monde animal fait de respect du vivant, de protection et non plus d'exploitation pour un profit ou un plaisir personnel. Les Zoos ont été remplacés par des musées du monde animal, riches en informations et en beauté, les cirques ont redoublé de créativité pour remplacer leurs numéros qui utilisaient des animaux.


Le temps nous manque, je crains de n'avoir pas tout abordé ni pu tout expliquer en détails, mais, cela vous donne une idée d'ensemble et une vision de la mentalité et de la perspective qui est la nôtre aujourd'hui. Nous encourageons les autres nations à garder leur autonomie et à évoluer comme nous l'avons fait vers plus d'équilibre, d'égalité et de vrai développement. Plusieurs gouvernements veulent suivre notre exemple. Comme je vous l'ai dit, notre système n'est pas parfait, loin de là. Nous avons créé des Commissions d'études et de réflexions pour chercher tout ce qu'on pourrait encore améliorer dans tous les domaines, toujours pour le bien commun. Nous savons que notre démocratie n'est pas la fin de l'évolution des sociétés, il y a sûrement mieux à faire, mais nous avons essayé d'améliorer ce que nous avions.


 Voilà... Que dire de plus ? Nous avons fait le tour des points principaux, il me semble, je vous invite à venir prendre un verre au buffet qui nous attend. Mesdames, Messieurs, je vous souhaite une belle journée.


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Cette réflexion sur la démocratie s'inspire des travaux d'Etienne Choauard, de Bernard Friot, de Frederic Lordon, de Frank Lepage, de Pierre Rabhi.

samedi 17 novembre 2018

"... ce qu'il restait de démocratie."

"Je me battais pour ce qu’il restait de démocratie. Parce que je comprenais que la démocratie est une invention de petite société. Elle ne peut exister qu’au sein de petites communautés. Elle ne peut pas fonctionner dans une communauté de 100 millions d’individus. 100 millions d’individus ne peuvent être gouvernés selon des principes démocratiques. J’ai connu une enseignante qui avait proposé à ses élèves, au lycée, de concevoir un système basé sur une communication électrique, avec une organisation centrale, permettant de transmettre une proposition à l’ensemble des votants du pays, à laquelle ils pourraient répondre « oui » ou « non » en appuyant sur le bouton correspondant. À l’instar de ses étudiants, elle croyait qu’il s’agissait de démocratie. Pas du tout. Il s’agissait de la pire forme de tyrannie totalitaire, du genre de celle qu’impose le système dans lequel nous vivons. La démocratie requiert des relations de face-à-face, et donc des communautés de petites tailles, qui peuvent ensuite s’inscrire dans des communautés plus étendues, qui doivent alors être gouvernées selon d’autres principes. Je défendais la démocratie parce qu’il s’agit de quelque chose de fondamental."
Lewis Mumford / 1895-1990.

Lien : Critique de la civilisation industrielle.